Parler de pilotage vous range immédiatement et sans aucun recours possible dans l’honteuse catégorie des gaspilleurs d’énergie et de traitres à l’économie nationale.
Cela pourrait paraître vraisemblable dans le cadre d’une réflexion bâclée qui heureusement n’est pas dans les normes des adhérents de notre club.
Ceux ci auront tôt fait de mettre en rapport les quelques dizaines (centaines ?) de kilomètres sur circuit avec les milliers de kilomètres parcourus sur la route où ils mettent à profit les précieux enseignements du pilotage.
Certes il est des usages à proscrire comme celle du freinage maximum alors que la recherche de l’économie nous invite à ne pas toucher aux freins pour ne pas gaspiller une énergie cinétique chèrement acquise. Ainsi le pilote qui a l’habitude de regarder loin lève le pied à une distance savamment appréciée pour une vitesse correcte à l’entrée de la difficulté. S’il s’agit d’un virage serré il a un petit excès de vitesse pour qu’un bref freinage au point de braquage lui permette d’assurer l’appui nécessaire sur le train avant. S’il s’agit d’une grande courbe la vitesse résiduelle sera celle du passage dans le virage avec une reprise de l’accélération avant le braquage.
Comme on le voit la maitrise du pilotage n’est plus dans la recherche d’un gain de temps mais dans le souci d’éviter une perte de vitesse qu’il est très coûteux de regagner.
Le ralentissement que le pilote substitut au freinage se fait toujours sur le rapport le plus long et sans rétrograder, l’alimentation du moteur est alors coupée alors que si le pilote passe au point mort le moteur est alimenté pour tourner au ralenti. Cette dernière situation est tout de même intéressante par exemple dans le cas d’une portion de route en descente où un rapport engagé obligerait à entretenir une certaine accélération.
En marge de la situation que nous venons de voir et dans le cas d’un freinage d’urgence dù aux aléas de la circulation, le pilote expérimenté dans les freinages maximums est, notons le, plus à même d’assurer sa sécurité et parfois celle des autres.
En ce qui concerne la maitrise des trajectoires sur la route, par notre pilote, elle est d’un apport considérable pour les économies d’énergie car elle permet de passer un virage (dans des conditions de sécurité optimales) à la vitesse maximum. Ainsi les gaspillages d’énergie au freinage et celles nécessitées pour la remise en vitesse à la sortie seront réduites au maximum. Il s’agit là d’une économie importante car l’accélération nécessaire à la remise en vitesse est une grande consommatrice (proportionnelle à la masse de la voiture) consultez votre indicateur de consommation instantanée à la sortie d’un rond point ou l’occasion d’un dépassement, vous serez convaincus.
Sur ce point de la remise en vitesse en plus d’un appui modéré sur l’accélérateur il est impératif de ne pas faire grimper son moteur dans les tours en restant dans la plage des 1500 à 2000 tours pour limiter les dégâts. D’ailleurs si votre voiture est équipée d’une boite à double embrayage comme la PDK chez Porsche vous constaterez par exemple que la Carrera a déjà passé le septième rapport à 80 km/h en restant bien en dessous des 2000 tours.
Juste un mot pour les virtuoses du manomètre sur circuit (si, j’en connais) il serait fâcheux de négliger la pression des pneus de votre voiture pour la route et même de ne pas ajouter 200 grammes au profit de la consommation.
Il y a de nombreuses années les conversations d’automobilistes tournaient autour des moyennes réalisées. Plutôt que « j’ai fait 90 de moyenne » on entend plus souvent maintenant « j’ai réussi à faire 6 litres ». Les ordinateurs de bord sont une invitation à la recherche de performance, pourquoi ne pas se laisser tenter par celle ci tout en s’auréolant d’une bonne conscience.
Les conducteurs qui maitrisent les règles du pilotage sont les plus à même de pratiquer une conduite économique, profitons de notre goùt pour cette discipline et pour en tirer quelque intérêt matériel et de satisfaction personnelle.
A quand une épreuve de consommation au Club pour apporter un peu de piment à nos sorties circuit.
Michel Goudouneche